Les Ehpad vont mal

Les assises des Ehpad se sont tenues le 10 et 11 septembre 2024 à Paris pour réfléchir sur plusieurs sujets : leur avenir, en particulier sur  le modèle économique des EHPAD, la question de la fin de vie, l’assurance de la dépendance, etc.

En effet, les EHPAD vont mal. Cette situation, qui s’aggrave depuis quelques années, découle de causes conjoncturelles et structurelles, telles que :

  • les tensions de recrutement qui affectent directement les capacités et donc le niveau d’activité et d’accueil des Ehpad ;
  • une perte de confiance du public, accentuée par la crise de la Covid-19 et l’affaire Orpea, qui a touché l’ensemble des Ehpad, y compris les établissements communaux ;
  • La forte inflation des coûts (énergie, alimentation, hygiène, matériel, la masse salariale, etc.), les revalorisations du point d’indice ou du Ségur de la santé, et la faible augmentation des tarifs.

Selon les derniers chiffres de la Sécurité sociale en 2022, deux-tiers des établissements publics ou privés à but non-lucratif sont en déficit, ce qui affecte le fonctionnement et les investissements nécessaires des structures.

La marge de manœuvre des responsables des établissements en termes de gestion est très limitée pour faire des économies. Ils ne peuvent pas diminuer le personnel déjà en sous-effectif, priver les résidents d’un repas par jour, baisser la température de 2 ou 3 degrés l’hiver, limiter l’éclairage, épargner sur du matériel nécessaire, …

Une réflexion collective avec les pouvoirs publics s’impose donc pour un nouveau modèle de financement, aujourd’hui partagé entre les familles et la sécurité sociale, pour assurer un financement durable, à la hauteur des charges réelles et des besoins.

Des pistes de financement sont imaginées :

  • Laurent Guillot,  Directeur-général d’Eméis (ex-ORPEA) avance deux pistes : « Une partie des personnes âgées ont de l’immobilier. Que fait-on de cette ressource ? Une partie des personnes âgées ont un peu plus de ressources que les autres. Que fait-on ? Comment on réorganise ?
  • Pour Luc Broussy, organisateur des Assises Nationales des Ehpad, il faut que la sécurité sociale augmente sa part de prise en charge. « On ne peut pas demander aujourd’hui un effort supplémentaire à ceux qui paient déjà 70% du coût, des familles qui n’en peuvent plus », explique

Dans l’attente de cette réflexion nécessaire, au 1er janvier 2025, la loi pour le « bien vieillir » autorisera les établissements à augmenter les tarifs pour les résidents les plus aisés. Les prix pourraient être majorés de 10% à 15%.

Résidents délaissés, toilettes expédiées, peu ou pas d’animations, liens avec les soignants de plus en plus ténus, la quasi absence de personnel les dimanches, la difficulté pour les familles des résidents d’avoir des informations, etc. En cause le manque sévère de personnel dans une majorité des établissements lié au peu d’attractivité des métiers de l’action sociale.

Il y a une crise réelle de vocation et bien souvent les établissements font, avec beaucoup de difficultés, appel à l’intérim ou même à du personnel non qualifié, toujours insuffisant, pour faire face aux besoins et permettre aux résidents de bénéficier de services honorables.

Les prix de journée dans les établissements sont devenus beaucoup trop cher pour de nombreux résidents ou pour leur famille : Presque 2 000 euros, voire même plus, par mois. Pour nombre d’entre eux ou leur famille c’est impossible de tenir le budget.

Que faire alors ?

C’est là que les pouvoirs publics doivent intervenir pour atténuer ce reste à charge pour les personnes âgées et les familles.

Les Ehpad sont utiles et ont un avenir.

Cependant, comme nous l’avons écrit plusieurs fois dans nos publications, il faut avant tout réfléchir à la destination des Ehpad et à leur place dans l’ensemble des structures existantes pour les personnes fragilisées par l’âge, la maladie ou le handicap.

La personne doit être placée au centre des dispositifs existants.

Les Ehpad doivent fonctionner parallèlement (et non se substituer) aux résidences des séniors, aux structures d’accueil temporaires, aux services de proximité, et aux services d’aide et d’accompagnement à domicile qui doivent avoir une place prioritaire.

En effet, le maintien à domicile, plébiscité et vanté pour ses atouts, reste une alternative de qualité pour une grande majorité de nos ainés en perte d’autonomie liée à l’âge et/ou la maladie,

L’installation d’un parent en Ehpad ne doit être que la solution de dernier recours, lorsque le degré de dépendance ne permet plus de rester à son domicile. Un avis qui est partagé par la majorité des personnes âgées (80% des personnes âgées interrogées préféreraient vieillir à domicile), animées d’une volonté farouche de rester chez elles, dans le confort du cocon où elles ont vécu en autonomie durant des décennies.

Mais quand l’état de santé ne permet plus d’accomplir les tâches du quotidien et que des soins sont nécessaires, la dépendance est-elle encore compatible avec le maintien à domicile ? 

Avec quelques aménagements dédiés du logement et le déploiement d’une aide humaine, c’est tout à fait possible. Et sans y laisser sa chemise, grâce à l’existence des dispositifs d’accompagnement.

Le nombre de personnes âgées et dépendantes va s’accentuer durant les deux décennies prochaines.

S’il y a eu quelques lois, et notamment la loi « bien vieillir » du 08 avril 2024 (voir notre publication précédente), les décideurs politiques n’ont pas enclenché une vraie politique sur le grand âge et la dépendance. Les gouvernements qui se sont succédés jusqu’à présent ont toujours renoncé à la mise en œuvre d’une loi générale qui puisse garantir les meilleures conditions de soutien à domicile et d’accueil en établissement.

Pourtant, tout le monde s’accorde pour dire qu’il y a urgence.

À quand une loi générale qui prenne en compte le grand âge ?

Sources :

  • France Info
  • www.unccas.org
  • La Dépêche du midi
  • Ministère de la Santé et de la prévention

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