Kiné et confinement : à domicile et en cabinet, sont-ils ouverts ?

Le confinement impose la fermeture de plusieurs établissements recevant du public. Les cabinets des kinésithérapeutes sont-ils concernés ? Peuvent-ils venir à domicile pour les personnes âgées et les personnes plus à risque de formes graves du Covid-19 ? Réponses.

A l’inverse du premier confinement, les cabinets de kinésithérapie vont rester ouverts pendant ce reconfinement fixé du 30 octobre à minuit au 1er décembre. Comme l’a annoncé le Président de la République, Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 28 octobre 2020 « nous avons besoin de tous les professionnels [de santé] de ville ». Dans un communiqué du 28 octobre, l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes confirme que « les gestes nécessaires à la protection des patients sont maintenant maîtrisés par tous et permettent leur prise en charge en toute sécurité. Il convient de poursuivre les soins, au cabinet comme à domicile, dans le respect le plus strict des gestes barrières ». Néanmoins, si les cabinets restent ouverts « une attention toute particulière doit être portée aux personnes âgées et aux personnes les plus vulnérablespour lesquelles il est essentiel de privilégier les soins à domicile et le télésoin« . Comment se passe concrètement un rendez-vous ? Explications.

Quelle est la conduite à tenir pour le patient ?

Selon les recommandations émises par l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes, le 25 avril 2020, pour se rendre dans un cabinet de kinésithérapie, le patient doit :

  • Porter obligatoirement un masque de protection.
  • Se laver les mains dès qu’il entre dans le cabinet, avec de l’eau et du savon, puis se frictionner les mains avec une solution hydroalcoolique.
  • Respecter les distances physiques d’un mètre en dehors des soins : un marquage au sol notamment au niveau de la zone d’accueil peut permettre de faciliter le respect des mesures de distanciation.
  • Limiter les contacts au maximum.
  • Éviter tout contact avec une surface du cabinet avant de se retrouver à l’extérieur : pour cela, le kinésithérapeute peut le raccompagner ou mettre à sa disposition un papier jetable ou un gant afin qu’il saisisse la poignée de porte. 
  • Se faire accompagner par une seule personne au maximum (accompagnant ou aidant).
  • Privilégier la prise de rendez-vous à distance (par téléphone ou sur internet)

Quelles règles d’hygiène pour le kinésithérapeute ?

Dès lors que le kinésithérapeute dispose des moyens nécessaires et en fonction de la situation sanitaire de son lieu d’exercice, il peut peut progressivement reprendre en charge les patients les moins fragiles à son cabinet, pour les soins urgents essentiels et non reportables. Les patients les plus fragiles doivent continués à être pris en charge à domicile. A son cabinet, le kinésithérapeute doit :

  • Porter une blouse (ou une tenue réservée aux soins) et un masque (chirurgical ou FFP2 pour la prise en charge des patients Covid+ ou dans le cadre des soins de kinésithérapie respiratoire). Le port d’une surblouse, de gants, d’une charlotte, de surchaussures, de surlunettes et/ou d’une visière est recommandée en cas de prise en charge de patient COVID+.
  • Respecter les gestes barrières en toutes circonstances
  • Désinfecter et attendre 20 minutes après le soin avant de pouvoir prendre en charge un nouveau patient dans le cadre de la prise en charge d’un patient qui aurait pratiqué une activité physique pendant le soin ou qui aurait bénéficié d’une réhabilitation respiratoire. 
  • Ne pas utiliser de moyen de ventilation ou de climatisation centralisée.
  • Aérer largement et régulièrement la pièce de soin.
  • Limiter l’accès au plateau technique à un patient à la fois.
  • Désinfecter entre chaque patient la table ou le plan de travail sur lequel s’allonge ou s’assied le patient, ainsi que tous les outils utilisés par le patient ou ayant été en contact direct ou indirect avec lui (petit matériel de rééducation, espalier, table de rééducation…) avec un produit désinfectant virucide.
  • Limiter le prêt du matériel au patient : si ce prêt est indispensable il devra être désinfecté à l’aide d’un détergent-désinfectant usuel avant le prêt et au moment de sa restitution.
  • Les balnéothérapies non chlorées doivent être fermées jusqu’à nouvel ordre. Les bassins chlorés peuvent être ouverts en menant une analyse bénéfices/risques pour les patients concernés.
  • Au retour au domicile : le kinésithérapeute doit se désinfecter les mains avant d’entrer à son domicile, retirer ses vêtements (chaussures, veste) à l’entrée de son domicile et les laver à la machine à laver à 60° pendant 30 minutes minimum, séparés des autres vêtements.

Bonnes pratiques à la prise en charge du patient en cabinet de ville (Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes).

Prise en charge à domicile : pour qui ?

Si les cabinets restent ouverts pendant le confinement « une attention toute particulière doit être portée aux personnes âgées et aux personnes les plus vulnérablespour lesquelles il est essentiel de privilégier les soins à domicile et le télésoin« « explique l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes dans un communiqué du 28 octobre. Cette prise en charge se fait dans le respect des règles d’hygiène et des mesures barrières (port de gants, de masques, lavage des mains…).

Qui peut bénéficier d’un télésoin ? 

Depuis le 16 avril 2020, les télésoins sont autorisés par un décret publié au Journal Officiel. Le télésoin est recommandé pour les personnes vulnérables. Le télésoin est une séance de kinésithérapie réalisée par le kinésithérapeute par vidéotransmission (via Whatsapp, Facetime, Zoom…). « Une téléconsultation se déroule comme une consultation classique, en partant d’une demande de rendez-vous, en fixant un horaire précis et en indiquant les modalités pratiques« , explique l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes sur leur site internet. Le télésoin est une activité thérapeutique, qui nécessite une prescription médicale. Il peut être mis en œuvre après une première séance de kinésithérapie présentielle au domicile du patient, en établissement ou en cabinet. Concernant le paiement, ce dernier peut se faire par virement bancaire, par chèque, par paiement en ligne ou par l’application du tiers-payant. Les kinésithérapeutes sont autorisés à facturer à l’Assurance maladie les actes suivants :

  • Rééducation d’un membre et de sa racine, quelles que soient la nature et la localisation de la pathologie traitée
  • Rééducation de tout ou partie de plusieurs membres, ou du tronc et d’un ou plusieurs membres
  • Rééducation du rachis et/ou des ceintures quelles que soient la nature et la localisation de la pathologie traitée (la cotation est la même quand la pathologie rachidienne s’accompagne d’une radiculalgie n’entraînant pas de déficit moteur)
  • Rééducation de l’enfant ou de l’adolescent pour déviation latérale ou sagittale du rachis
  • Rééducation des malades atteints de rhumatisme inflammatoire (pelvispondylite, polyarthrite rhumatoïde…) 
  • Atteinte localisée à un membre ou le tronc
  • Rééducation abdominale pré-opératoire ou post-opératoire
  • Rééducation abdominale du post-partum
  • Rééducation maxillo-faciale en dehors de la paralysie faciale
  • Rééducation pour insuffisance veineuse des membres inférieurs avec retentissement articulaire et/ou troubles trophiques.
  • Rééducation pour artériopathie des membres inférieurs
  • Rééducation de l’hémiplégie
  • Rééducation des affections neurologiques stables ou évolutives pouvant regrouper des déficiences diverses (commande musculaire, tonus, sensibilité, équilibre, coordination…) en dehors de l’hémiplégie et de la paraplégie
  • Rééducation des maladies respiratoires, obstructives, restrictives ou mixtes (en dehors des situations d’urgence)

Quelle prise en charge pour les patients Covid+ confinés à domicile ?

En cette période d’épidémie le kinésithérapeute peut-être amené à effectuer des visites à domicile chez des personnes placées en isolement. Deux cas de figure peuvent se présenter :

Les soins portés à un patient COVID+ normalement vu au cabinet afin d’assurer une continuité des soins ;

Les soins portés à un patient COVID+ et rendus nécessaires par l’infection (rééducation, réadaptation et ré-entraînement en ambulatoire tels que préconisés par la HAS) et lorsque le télésoin n’est pas possible.

Dans tous les cas, le kinésithérapeute doit prendre un certain nombre de précautions :

  • Porter un masque FFP2, des lunettes ou une visière de protection, une surblouse, des gants, une charlotte et se désinfecter les mains avec du gel hydroalcoolique.
  • Organiser sa tournée de façon à visiter les patients asymptomatiques en premier, puis les patients suspects de COVID-19, et enfin les patients infectés en dernier.
  • Enfiler son équipement avant d’entrer et ne plus se toucher le visage ensuite. Demander au patient de se frictionner les mains à la SHA ou au savon, si cela est possible -profiter pour vérifier la qualité du lavage.
  • Conserver autant que possible une distance minimale d’un mètre avec le patient et son entourage.
  • Éviter de s’asseoir, de toucher les objets et le mobilier du logement.
  • Assurer son rôle de prévention en tant que professionnel de santé : s’assurer de l’absence de complication et des conditions générales de la vie à domicile du patient (possibilité d’appeler les secours, capacités de ravitaillement…).
  • Enlever son équipement avant de sortir du domicile, désinfecter les objets non jetables, se frictionner les mains avec du gel hydroalcoolique ou du savon avant de sortir du domicile et après. 

Que faire pour limiter les douleurs en l’absence de soins ?

  • « Il faut s’imposer des temps où l’on bouge, où l’on fait ses exercices » – et cela vaut aussi le coup pour tout le monde afin de prévenir les troubles musculo-squelettiques« . Veillez à suivre à la lettre les conseils de votre kinésithérapeute et à l’appeler si vous avez besoin d’aide.
  • Respectez absolument les doses prescrites d’anti-douleur et évitez les anti-inflammatoires  si vous avez des symptômes évocateurs du COVID-19 (fièvre, une fatigue importante, toux sèche et/ou des difficultés à respirer).
  • Si votre état se dégrade, sollicitez votre médecin traitant par téléphone ou une plateforme de téléconsultation.
  • Appelez le 15 seulement en cas d’urgence, comme par exemple si vos douleurs lombaires s’accompagnent d’une perte de sensibilité, d’une jambe « qui lâche », d’une incontinence urinaire et fécale pouvant signifier un « syndrome de la queue de cheval » qui constitue une urgence à prendre en charge rapidement.

Merci à Pascale Mathieu, Présidente du Conseil National de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes et au Journal Femmes Santé (Madame Laure DASINIERES).

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